Les chiffres :
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L’inquiétante progression du
diabète de type 2 chez l’enfant
Le diabète de type 2 est la conséquence d’une perte de fonctionnalité des îlots pancréatiques chez des sujets dont l’organisme est peu à peu devenu résistant à l’insuline.
Cette perte de fonctionnalité est la conséquence de l’interaction de facteurs génétiques, volontiers héréditaires et de facteurs environne mentaux liés au mode de vie.
Précédemment appelé « diabète non insulinodépendant » ou « diabète de la maturité », le diabète de type 2 touche environ 90 % de la population diabétique totale. Après avoir considéré que ce type de diabète n’apparaissait que chez le sujet âgé, puis chez l’adulte de plus de 40 ans, les communautés scientifiques et médicales s’inquiètent de le voir aujourd’hui toucher de plus en plus d’enfants et d’adolescents. On a en effet assisté à une augmentation annuelle de +5 % en 10 ans du nombre de jeunes de 10 à 19 ans touchés par cette forme de diabète. Le diabète de type 2 constitue une véritable pandémie à l’échelle mondiale, liée à la fois à la transformation des modes de vie et à l’allongement de l’espérance de vie.
Cette rapide et forte progression de la maladie chez les plus jeunes tend à suivre l’épidémie d’obésité, ce qui ne présage rien de bon pour les années à venir ! Ce qui alarme d’autant plus les équipes de recherche, c’est qu’une précédente étude parue en 2012 a révélé que les traitements, généralement efficaces sur les adultes, fonctionnent moins bien, voire pas du tout chez les jeunes, sans en connaître pour autant les raisons, une situation extrêmement préoccupante risquant d’aboutir à une incidence accrue de complications graves et cela à plus court terme.
Le diabète de type 1 : une nouvelle inquiétude
Une augmentation de l’incidence du diabète de type 1 (DT1) chez l’enfant a pu être constatée dans l’ensemble des pays bénéficiant d’une surveillance.
Estimée en France à 8 cas pour 100 000 enfants âgés de moins de 15 ans en 1988, elle atteindrait aujourd’hui 15 cas pour 100 000 d’après les données de l’Assurance maladie, ce qui correspond à un accroissement annuel de 3,4 % et à un doublement du taux en 30 ans. D’après les estimations de l'International Diabetes Federation (IDF), à l’échelle mondiale, 70 000 enfants de moins de 15 ans développent un diabète de type 1 chaque année (soit près de 200 enfants par jour).
En France, l’accroissement de l’incidence du DT1 chez l’enfant ne semble pas être une conséquence du changement survenu dans la définition de la maladie, ni de changements de pratique diagnostique ou d’un meilleur dépistage de la maladie, car la latence de la maladie est courte, sa symptomatologie bruyante, et aucune modification n’a été réalisée dans le système de santé au cours de la période d’étude. Elle ne reflète pas non plus, sur une si courte période, une modification du fond génétique de la population. Cette augmentation globale de l’incidence de DT1 chez les enfants résulte essentiellement d’un développement plus précoce du diabète.
Ceci signifie que l’âge de déclenchement de la maladie serait en train de se décaler vers une population encore plus jeune, notamment vers les enfants âgés de moins de 5 ans. Une exposition plus précoce aux facteurs d’environnement accélère probablement l’apparition du diabète, et plus particulièrement chez les enfants génétiquement prédisposés.
La prise en charge des tout-petits est très spécifique et fortement consommatrice du temps du personnel soignant. En effet, plusieurs éléments caractérisent la maladie à cet âge : un mode de révélation plus sévère, une rapide et grande variabilité, le danger particulier des hypoglycémies à cet âge, l’interférence avec les maladies fébriles fréquentes à cet âge de la vie, enfin l’immaturité de l’enfant pour participer à son traitement. Ces enfants et leurs familles doivent par conséquent être pris en charge dans des structures adaptées avec des équipes pluridisciplinaires formées à cette maladie.
L’exemple finlandais ; un espoir pour le diabète de type 1
L’incidence du diabète de type 1 a diminué chez les enfants finlandais entre 2003 et 2018 : une nouvelle réjouissante pour tout le monde !
Le diabète de type 1 (DT1) est une des maladies chroniques les plus fréquentes chez les enfants. Il est la conséquence d’une destruction auto-immune des cellules pancréatiques productrices d’insuline sous l’effet combiné d’une prédisposition génétique et de l’intervention de facteurs environnementaux. Beaucoup moins fréquent que le diabète de type 2, il n’a pas connu à ce jour l’explosion pandémique de celui-ci, même si une certaine tendance à la hausse semblait évidente, partout dans le monde.
En effet, toutes les études épidémiologiques menées à la fin du siècle mettaient en évidence une augmentation de l’incidence (soit le nombre de nouveaux cas par an) du DT1 chez les enfants, en tout cas dans les pays qui disposaient d’un registre national permettant de colliger tous les nouveaux cas (la France ne dispose pas d’un tel registre). Il s’avère par ailleurs que la Finlande est un des pays le plus fortement affecté par le DT1 dans le monde, comme la plupart des pays du nord de l’Europe.
Une première étude, réalisée à partir des données du registre finlandais, avait montré un doublement, entre 1980 et 2005, de l’incidence du DT1 chez les enfants de moins de 15 ans. C’est chez les enfants de moins de 5 ans que cette progression était la plus forte avec une augmentation annuelle de 4,7 %. À partir de ces résultats, l’équipe finlandaise prévoyait un nouveau doublement d’ici 2020. Une nouvelle étude a été conduite, dans les mêmes conditions, pour confirmer cette tendance en analysant l’évolution de l’incidence, cette fois entre 2006 et 2011. Les résultats de celle-ci viennent d’être publiés dans la revue scientifique Diabetes Care.
Excellente surprise : on assiste à une diminution de cette incidence chez les enfants, baisse qui concerne autant les garçons que les filles, surtout dans la tranche d’âge des moins de 5 ans. Cette baisse est également retrouvée chez les filles entre 5 et 9 ans, alors que l’incidence reste inchangée chez les garçons comme les filles entre 10 et 14 ans. L’âge moyen de survenue du DT1 a reculé et est passé de 7,88 ans à 8,33 ans.
Un tel changement d’évolution est une situation intéressante, car elle reflète nécessairement un changement dans l’environnement des enfants finlandais pouvant moduler leur réponse immunitaire. La prévention du DT1 est aujourd’hui balbutiante, car elle repose essentiellement sur la modification de ces facteurs environnementaux, dont malheureusement la nature et l’importance sont encore mal connues. L’analyse des modifications du mode de vie des enfants finlandais pourrait permettre une meilleure connaissance de certains de ces facteurs. Que s’est-il passé en Finlande dans l’accompagnement des enfants ? Y a-t-il eu dans ce pays des mesures prises en santé publique, notamment à l’attention des enfants, qui auraient pu contribuer à cette évolution favorable ? Les auteurs de cette étude évoquent au moins trois facteurs, à savoir :
- un apport accru de vitamine D, conséquence de la stratégie nationale de doublement du contenu en cette vitamine des pro duits laitiers du commerce, et ce depuis 2002 ;
- la modification de la stratégie vaccinale avec une quasi-suppression de la vaccination BCG et, à l’inverse, l’introduction en 2009 dans le programme national de vaccination de la vaccination antirotavirus. Disponible depuis 2006, celle-ci permet de réduire la fréquence des infections ORL et digestives imputables au rotavirus ;
- l’introduction des probiotiques dans l’alimentation des enfants durant cette période.
Référence :
Le diabète : Mieux le comprendre pour mieux vivre. Michel Pinget, Michel Gerson. John Libbey Eurotext, 6 janv. 2022.