Diabète et intolérance au gluten : quels liens ?

Par Diane Meyer du réseau de santé Pôle APSA



De premières études ont démontré un lien entre le diabète de type I et une intolérance au gluten pouvant s’expliquer par un gène de prédisposition commun. On supposerait ainsi que 2 à 8 % des diabétiques de type I sont concernés par la maladie cœliaque.


Chez les personnes atteintes par la maladie cœliaque, la consommation de gluten déclenche une réaction anormale du système immunitaire détériorant les parois de l’intestin. Ce phénomène nuit à l’absorption des éléments nutritifs, comme le fer, le calcium et certaines vitamines présents dans les aliments et entraîne en conséquence des phénomènes physiopathologiques tels que des diarrhées, des ballonnements, des douleurs abdominales, un amaigrissement, ou encore une fatigue importante, liés aux carences engendrées.


Le gluten

Le gluten est la fraction protéique du blé (froment, épeautre…). On le trouve aussi dans les aliments auxquels sont ajoutés de la farine ou de l’amidon de blé. Certaines protéines du gluten sont responsables de la réaction auto-immune, en particulier les gliadines.

L’orge et le seigle contiennent des protéines analogues à la gliadine (hordéines, sécalines) qui provoquent les mêmes réactions. Les aliments composés par ces céréales ou par leurs dérivés (farines, amidons, flocons, pain, biscuits, gâteaux) sont aussi délétères. Ainsi, les personnes ayant une intolérance au gluten ne peuvent pas consommer ces aliments.

Il ne faut pas confondre l’intolérance au gluten avec les allergies au blé ou au gluten, plus rares cependant, qui mettent en jeu des mécanismes immunitaires différents, en particulier les réactions à l’IgE (par exemple œdème de Quincke) provoquées par les aliments, qui en contiennent.


Quel lien ?

Le diabète de type I et la maladie cœliaque sont tous deux des troubles auto-immuns entraînant un retournement du système immunitaire contre ses propres cellules. Plusieurs hypothèses sont avancées quant au lien qui les unit mais il semblerait qu’un gène commun soit responsable de leur association.

Pour cette raison, le dépistage de la maladie cœliaque lors d’un diagnostic de diabète type I est conseillé. Dans certains cas, la maladie cœliaque est silencieuse, c’est-à-dire qu’elle ne présente aucun symptôme. D’autres fois, elle se manifeste par des inconforts digestifs chroniques, des hypoglycémies fréquences, des anémies…

Dans tout les cas, le diagnostic doit passer par la recherche des antigènes spécifiques via une prise de sang et ne doit pas être supposé ou imposé.


Régime sans gluten et diabète, de véritables contraintes

La complexité de ce régime s’explique par la présence de gluten dans de nombreux aliments consommés quotidiennement. Ainsi, tous produits transformés à base de blé, avoines, orges et seigles (ex : pains, pâtisseries, céréales petits déjeuners, barres de céréales, biscuits, pâtes alimentaires, couscous, boulgour, etc.) contiennent du gluten.

En retirant tous ces produits de l’alimentation, spécialement ceux faits de blé entier, on élimine les principales sources de fibres alimentaires qui aident entre autres au contrôle de la glycémie. De plus, les produits alternatifs sans gluten ont souvent une faible teneur en fibres, sont plus riches en glucides et fournissent moins de protéines.

Il reste néanmoins d’autres féculents adaptés et quelques astuces pour réussir à s’y retrouver.


Quelques conseils pour les personnes intolérantes au gluten

  • Évitez les aliments les plus transformés et privilégiez les légumes, fruits, poissons, volailles, œufs, noix, lait…
  • Consommez des féculents naturellement sans gluten : riz, galettes de riz, pomme de terre, maïs, quinoa, tortilla de maïs, vermicelles de riz, millet, manioc…
  • Choisissez les céréales autorisées entières (riz brun, quinoa, amarante et sarrasin…)
  • Pour l’apport en fibres et en protéines, consommez plus de légumineuses : pois chiches, haricots, lentilles, fèves de soya…
  • Évitez les aliments frits ou panés (les huiles à friture des restaurants sont souvent contaminées par le gluten et les panures contiennent généralement du gluten)
  • Utilisez votre propre four grille-pain et ayez vos propres pots de confitures et de tartinade (mayonnaise, moutarde, etc.) afin d’éviter la contamination croisée.
  • Évitez les sources cachées de gluten comme l’avoine, la sauce soja, les imitations de fruits de mer (goberge), les alcools à base de céréales (bière), certaines soupes et bouillons du commerce, les saucisses et les charcuteries…
  • Lisez bien les étiquettes.


Et le diabète de type II ?

Retirer le gluten de son alimentation est devenu un vrai phénomène de mode, certains lui reprochant d’être à l’origine de maux digestifs.

Une équipe de scientifiques de l’université de Portland a montré que les personnes qui consommaient régulièrement du gluten courraient moins de risques de souffrir d’un diabète de type 2. Cela s’expliquerait par l’index glycémique très élevé des produits sans gluten transformés qui manquent par ailleurs de fibres et de nutriments (vitamines et minéraux). Les chercheurs recommandent de n’appliquer le régime sans gluten qu’aux personnes intolérantes ou atteintes de la maladie cœliaque, soit 1 % de la population en France.



Sources : Lettre Information Diabète Santé du CeeD - Hiver 2018 

* Wherrett D, Ho J, Huot C et al. Diabetes Canada 2018 Clinical Practice Guidelines for the Prevention and Management of Diabetes in Canada: Type 1 Diabetes in Children and Adolescents. Can J Diabetes 2018; 42 (Suppl 1): S234-S246.

* Maladie cœliaque et diabète / Bergeron C., diététiste/nutritionniste (Hiver 2013-2014). Intolérance au gluten et diabète : y a-t-il un lien?, Votre diététiste vous répond, Plein Soleil, Diabète Québec, p. 20-22

*Diabète de type 1 et maladie cœliaque :Dr M.T. Ach, Dr Y. Hasni, Dr A. Ben Abdelkarim, Dr A. Maaroufi ,Pr M. Kacem , Pr M. Chaieb , Pr K. Ach. CHU Farhat-Hached, Sousse, Tunisie

* “Gluten may lower risk of Type 2 diabetes” By AMERICAN HEART ASSOCIATION NEWS